La voie numérique

Le programme de Développement des marchés numériques (DMN) a eu trois ans en 2012-2013, trois années où son identité s’est précisée. Nourrie aux besoins de l’industrie, cette évolution a vu émerger trois tendances principales.

Être présent

Une première constante : le besoin, tout simplement, d’être présent sur le net, condition de survie sine qua non sur le marché, s’il en est une. À cet égard, chaque inscription amène son lot de demandes d’aide pour des projets de vitrines ou de répertoires d’artistes. Ces projets sont le plus souvent en lien avec des artistes évoluant dans des créneaux et des territoires précis. À titre d’exemples, les communautés francophones en situation minoritaire et les entreprises œuvrant dans des genres spécialisés ont pu ainsi s’assurer d’une place dans l’univers numérique. On pourra nommer la Société Nationale de l’Acadie et son site d’information sur les artistes acadiens prêts pour la scène internationale (acadie-europe.com) ou encore Diffusion I MéDIA et sa plateforme de streaming de musique électro-acoustique (electrocd.com). Bien que n’étant pas mus principalement par la logique de marché, ces projets proposent sur leur site, dans de nombreux cas, des liens vers des plateformes transactionnelles venant bonifier la potentialité de rémunération pour les artistes et les labels.

Être rémunéré

Autre constante aisément identifiable : les projets aidés visent, pour la plupart, à générer de nouvelles sources de revenus. Ainsi, billetteries en ligne (par exemple l’application mobile de la Scène 1425), plateforme de téléchargement en haute définition (le prostudiomasters.com de Fidelio Musique) ou encore service de streaming (zik.ca du Groupe Archambault) sont ou seront disponibles sous peu.

Être actif

En seulement trois ans d’existence, le programme de DMN a été témoin d’un nombre impressionnant de mutations technologiques. Il est important de souligner la migration des internautes vers les appareils mobiles et la nécessité pour l’industrie d’adapter ses pratiques web en fonction de cette nouvelle réalité. De ce fait, tous les projets acceptés lors de la dernière inscription de 2012-2013 reflétaient cette réalité. Dans le cas de sites, il était précisé dans chaque cas qu’une version « mobile » serait disponible.

Une autre mutation, fort prometteuse à bien des égards, est celle qui permet aux utilisateurs d’être actifs sur internet par le biais d’outils en ligne sans avoir recours à une tierce partie. Des projets financés par le programme permettront ainsi aux utilisateurs de créer leurs propres sites internet en un tournemain (le bandzoogle.com proposé par Sitezoogle), de faire la promotion d’extraits en ligne (Viinyl.com des Entreprises Neken) ou encore de produire une liste complète de métadonnées en quelques clics (le TGIT d’Iconoclaste).

Une nouvelle orientation : être interactif

Signe de la vitalité du milieu et de la rapidité de son évolution, à l’aube d’une quatrième année, une nouvelle orientation semble se définir.

Jusqu’à tout récemment, le consensus au sein des intervenants de l’industrie de la musique était clair : la présence et l’abondance du contenu étaient la finalité de toute opération web. L’idée même n’est pas désuète puisqu’elle est devenue la pierre d’assise d’une prochaine étape : engager la conversation avec l’utilisateur. La pérennité est résolument le premier indicateur clé de la réussite d’une plateforme numérique. Un site non visité n’a aucune valeur. Une opération web qui dialogue avec l’internaute s’assure de meilleures chances de survie. On voit désormais, par exemple, des artistes faire choisir les pièces qui composeront un album par les fans via internet. Bref, la conversation permet de connaître en temps réel les attentes du public et d’y répondre immédiatement.

Showdesalon.com de l’étiquette L-A be, une plateforme financée par Musicaction dans le cadre du programme de DMN, a vu émerger ce phénomène comme sous-produit inattendu de son fonctionnement. En effet, des artistes utilisent la plateforme pour savoir si les gens d’une région donnée veulent les voir en spectacle. Les artistes s’y produisent si une masse critique répond à l’appel.

L’organisme s’est vu soumettre plusieurs projets qui, à divers degrés, comportent cet aspect interactif. Il sera intéressant d’observer au cours de la prochaine année l’impact de ces nouvelles approches dans les pratiques web des gens de l’enregistrement sonore.

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